Century Camera © Jonathon Keats
Le 15 mai dernier, l'artiste américain Jonathon Keats lance le projet Century Camera à Berlin en partenariat avec la galerie Titanic Team. Il souhaite disposer plusieurs appareils au cœur de la capitale allemande durant un siècle afin d'observer l'évolution du paysage urbain.
Berlin a été choisie pour son dynamisme depuis la chute du mur de Berlin en 1989.
Pour cette opération, Jonathon Keats a conçu quelques dizaines d'appareils photographiques au temps d'exposition très long, proche du sténopé traditionnel.
Ce sont des boîtes en acier miniatures à l'intérieur desquelles sont placées des feuilles de papier noir. L'image s'imprime alors progressivement sur le papier grâce à la lumière qui entre par un objectif de la taille d'une tête d'épingle.
Century Camera © Jonathon Keats
Ces appareils, appelés « capsule photo-temporelle », sont mis à la disposition de 100 volontaires en échange de 10 euros. Les participants doivent alors secrètement choisir l'endroit où ils veulent les placer dans la capitale allemande. Une fois âgé, le volontaire pourra dévoiler l'emplacement de l'appareil à un enfant, susceptible de le récupérer à l'âge adulte : « Les premières personnes qui verront ces photos seront ces enfants qui n'ont même pas encore été conçus. Ils sont impliqués par les décisions que nous prenons mais ils n'ont aucun pouvoir. Si quelqu'un a le droit de nous espionner, ce sont bien eux, nos héritiers » explique J. Keats.
Le quotidien de l'activité humaine ne devrait pas apparaître sur les clichés, seuls le développement urbain et les dégradations subies au cours du prochain siècle devront être visibles.
Ce projet délirant est à l'image de l'artiste conceptuel et philosophe américain, Jonathon Keats.
Le vernissage de la future exposition est déjà programmé au 14 mai 2114 à la galerie berlinoise Team Titanic. Pour l'artiste, peu importe d'être présent pour son « programme de surveillance intergénérationnelle ».
Jonathon Keats ouvre une réflexion sur l'héritage des décisions prises pour la ville par ses contemporains et réactualise le débat sur l'espionnage de masse pratiqué par les États-Unis.
Léa Pietton